Vendredi... semaine finie !
Vendredi... la journée a commencé tôt, très tôt... Ici, ce ne sont pas les plombiers qui sont arrivés de Pologne, mais les plaquistes ! Une mirade de plaquistes ! Je ne sais pas combien ils sont, mais ils sont nombreux... une petite dizaine pas plus loin que dans l'immeuble qui jouxte le nôtre. Merci M. Lang, la fête de la musique est un succès, même 20 ans plus tard. Il était 2:17 quand mon oreille peu musicale a été secouée par des chants polonais dans la rue... DES CHANTS POLONAIS A 2:17 DU MATIN QUI ME SORTENT DE MON SOMMEIL ! Ouh put### !!! Mon sang ne fait qu'un tour, je me précipite au vélux pret à gueuler qd je me suis souvenu qu'ils ne comprenaient pas un mot de francais ! En plus y z'étaient bourrés ! Bref à 3:10 j'étais tellement agacé que j'avais pas refermé l'oeil... et le réveil sonnait à 5:15, je vous laisse imaginer le bon état d'esprit dans lequel je me trouvais... mais bon à 5:15, j'ai réussi à sortir du lit sans problème... enfin, les 20 premières minutes... après, ca a été moins cool, une fois la douche terminée, le café bu... mais bon, j'ai réussi à me mettre au carré avant 6:00.
Ce matin, je suis arrivé en service avec 5 malheureuses minutes d'avance... J'étais loin du compte... Sur les 35 patients que compte le service 31 avaient déjà été passés en revue... Bon sang, j'déteste arriver en avance et avoir le sentiment d'être en retard d'une bonne 1/2 heure. Enfin bref, la journée démarre.
Prise de sang ! Aujourd'hui c'est Paulette (on l'appellera comme ca...) qui m'encadre. Pas le droit au butterfly, ca coute cher, en tout cas plus cher que la douleur du pauvre patient qui me tend son bras potelé... Pauv'e Monsieur B. Pas une veine apparente. Toutes planquées sous une couche adipeuse, insaisissables, impalpables, en plus il dort encore Monsieur B qd je frappe à sa porte. En deux temps trois mouvement, il est débarrassé de son "bintz" anti apnées du sommeil, et se retrouve un garot en haut du bras droit, rabatu sur la manche du t shirt histoire de ne pas lui faire en plus une épilation gratuite, puis rapidement en haut du gauche ... sans plus de succès... Alors Paulette s'impatiente... Faut que je me décide, allez hop je retourne au bras droit et je tente la veine de l'anesthésiste... rien que le matériel me donne des frissons... tant pis qd faut y aller... je choisis l'aguille noire. J'adapte au vacutener, je pose le garot, je désinfecte à l'alcool (protocole en psy là où je suis), j'enfile mes gants et reprends son poignet en main. Bon sang, la salo## de veine a disparu sous l'gras ! Du coup, je dois tapoter, je suis bon pour désinfecter à nouveau et elle ressort. Je pique après l'avoir prévenu. Paulette me passe le tube en soufflant... impatiente... merde ! que dalle dans le tube ! Je bouge un peu l'aiguille, toujours rien, alors comme je ne suis pas dans un jour où je me sentirai prêt à faire de la boucherie, je dépique et passe la main. Paulette toute fière me dit presque : "et ben gamin, regarde ske c'est une professionnelle qui a 60 ans de piquage dans les mollets !". Le prend le garot, fait le tour du lit et se lance dans un show facon Gilbert Montagnier... les yeux fermés elle trifouille, elle tate, elle masse et me dit qu'elle la sent (la veine !!!). Je lui prépare le matos, d'un geste ample et sûr, elle se prépare à enfiler l'aiguille, ce qu'elle fait fort bien d'ailleurs, fort profond même, sauf que quand je lui passe le tube : QUE DALLE ! Alors elle s'agace, s'irrite, le patient blanchi, et Paulette, elle, elle verdit ! Elle fouille en profondeur, le patient manifeste sa douleur, rien à foutre, elle fouille profond... 30 bonnes secondes... et ressort l'aiguille en disant : "quand c'est comme ca, tu passes la main !", et voilà Paulette et moi, on ressort bredouille, les tubes vides, et les mains ensanglantées... (bon d'accord, l'image de mains ensanglantées, c'est pour les gens crédules...). On passe au suivant. Monsieur C. Le septagénaire azimuté que j'ai suivi à la trace de selles hier. Bras droit, rien. Bras gauche, rien. Monsieur C fait un brin d'humour à ses dépens en disant qu'il n'a plus de sang dans les veines. "Je passe la main" et Paulette repart... moins confiante dans un show... Pique, et passe... ca ne marche pas non plus ! Bref, on revient en salle de soin, bredouille et l'autre inf Marylin (on va l'appeler comme ca, rapport à regarde comme je suis belle passke j'ai les yeux bleus) part à l'assaut des pauvres patients réveillés une aiguille dans le bras pour rien. Heureusement, je ne suis pas obligé de la suivre. C'est finalement un anesthésiste qui viendra piquer Monsieur B et ses veines taquines.
un jour peut être que je ferai comme ca...
Après quoi, je suis missionné pour la douche de Monsieur C. Pauvre homme, comme si il n'en n'avait pas déjà eu assez aujourd'hui... il refuse maintenant de marcher, il n'a plus la force... tu m'étonnes après ce qu'il vient de vivre... Qu'à cela ne tienne, il ne connait pas mes talents de torche cul... c'est parti, il est dans la chaise douche avant même d'avoir compris que je ne plaisantais pas en lui disant qu'il fallait passer à la douche pour enlever toute trace de l'épisode diarrhéique de la veille. Finalement, ca se passe plutot pas mal. Je le stimule, il ressort propre comme un sou neuf. Aussi vite que je l'avais sorti du lit, je le prends de court pour lui poser des bandes de contention sur les deux jambes, vu que ces chaussettes du même nom, sont maculées de diarrhées. 15 mn pour trouver la bonne tension, pas effet garot, mais utile pour empecher la migration d'un thrombus potentiel vers les poumons. Paulette entre dans la chambre et ses premiers mots sont : "Ben faut envelopper le talon avec la bande !". Nan nan et nan ! J'ai validé mon module de vieux avec un bo 18.5/20 et je SAIS que les bandes ca se colle pas sur les talons sinon on ne voit pas l'escarre poindre. Toc, caquet rabattu, et retour dans sa caisse la Paulette qui du coup repart vite fait...
Après ca, j'aide une élève aide soignante de mon age (ben oui, finalement, on est pas si peu que ca a découvrir une vocation tardive...) quand une sonnette retentie. Je vole jusqu'à la chambre 365. Je frappe, j'entre : personne. Sauf que tout à coup, une voix me parle ! Ca vient de derrière une porte. On m'invite à entrer. Madame G. est sur les toilettes, et me demande de l'aider. Son ventre la fait souffrir. En fait, en écoutant ses explications, c'est pas vraiment son ventre qui la fait souffrir. Madame G. est psychotique. Plus tôt dans la matinée, elle avait une boule qui lui compressait la trachée, elle était toute speed dans le couloir pour m'expliquer ca, mais là, je suis devant elle assise sur les chiottes, et elle veut que je regarde ce qui se passe au niveau de son anus... Je suis dans l'exhorciste ?! Hein, ca y est, cette fois j'y suis ??? Bon, je prends mon courage à deux mains, je me penche en avant, la fait s'incliner et je reluque son c##. Aggrrrrrr ! Un prolapsus ! Un truc monstreux ! Tu m'étonnes qu'elle ait mal ! Je file chercher une inf, sauf que je tombe sur Paulette, toute enervée, en train de préparer les médicaments des permissions du we... en d'autres termes, Paulette n'en n'a rien à battre. Je prends des gants, de la vaseline, et j'y retourne. Je donne un gant à Madame G. et lui explique comment se soulager. Expliquer à une psychotique comment insérer de la vaseline pour lubrifier son anus et l'aider à faire sortir des selles... autant demander à un pigeon de réciter l'alphabet. Bref, je retourne en salle de soin et je prépare le matos pour l'extraction : abso, bassin, tablier, masque, casque intégral, rateau, fourche et coq pour mettre sur le tas à la fin de l'opération (comme sur un tas de fumier ! j'ai des références toutes campagnardes moi !). Enfin bref, 15 mn plus tard, j'étais Dieu pour Madame G., un sauveur pour Ginette (l'AS du jour), Christophe pour Paulette (qui du coup s'est souvenue de mon prénom) et tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, j'ai même eu le droit à une pause clope sur invitation de Ginette.
Après ca, j'ai eu une paix toute relative. 6 désinf avec l'élève AS, les repas servis, les cruches débarrassées, le médoc vérifiés et distribués, les plateaux ressortis des chambres, et il était l'heure de rentrer à ma maison.
Qui me disait y'a peu que les inf passaient leur temps à boire du café à l'office ??!
Un psychiatre est un monsieur qu'on paie très cher pour qu'il nous pose des questions qu'une femme, elle, nous pose gratuitement...
Paul Guth